INTRODUCTION A
CHEMINS D’ACTEUR
expérimenté et développé régulièrement avec Bob Villette
à Cléon au sein d’un atelier spécifique de recherche.
12 séances ont été filmées par le réalisateur Jean-Luc Weber,
"La porte noire" (voir page d'accueil)
En attendant l’écriture et la publication de son concept
cette page essaie d’apporter quelques éléments d’information.
AVANT PROPOS
Il est important de noter l'orthographe : le mot « chemins » est au pluriel et le mot « acteur » au singulier.
Il s'agit donc bien d'une proposition de recherche de différents chemins pour chaque acteur et non pas de définir un seul chemin pour tous les acteurs …
Qui dit chemin dit aussi but à atteindre, ou pour le moins, direction à prendre.
On s'intéressera donc tout d'abord au but à atteindre.
CONSTAT
La création théâtrale dans la très grande majorité de ses productions s’appuie sur le principe de la catharsis d’Aristote et va pour ce faire, s’efforcer d’imiter la vie, reconstituer sur une scène, le plus fidèlement possible, l’œuvre d'un auteur dramatique, donnant ainsi au spectateur l'occasion de s'identifier, de vivre des émotions par procuration, par le truchement des acteurs.
On peut convenir qu’aujourd’hui, “l’outil cinéma” est bien mieux adapté que le théâtre pour atteindre cet objectif.
PROPOSITION
Avant de considérer le théâtre comme révolu, il faut s'attarder sur l'une des singularités de l'art théâtral et sans doute la plus importante : la rencontre physique d'acteurs et de spectateurs, qui vont vivre ensemble, dans un même temps, dans un même lieu, le temps d'un spectacle.
La question se pose alors de la nature de la relation établie entre acteur et spectateur ?
- Si le spectateur est placé devant des acteurs, chargés de vivre à sa place les émotions voulues par l’auteur de l'œuvre, il est alors, cantonné à une attitude passive.
- En revanche, imaginer un partage entre le spectateur et l'acteur, c'est avant tout considérer le spectateur comme un partenaire de l'acteur, qui va, avec lui, appréhender les éléments constitutifs de l’œuvre, ceux qui déclenchent un événement, une émotion.
Ceci, bien sûr, n'est pas sans rappeler Bertolt Brecht qui préconisait de s'intéresser aux causes et au déroulement d’un événement plutôt qu’à son issue. Cependant Brecht conservait à l’acteur sa fonction didactique envers le spectateur.
QUELQUES OUTILS
Atteindre l’objectif d’un partenariat entre l’acteur et le spectateur nécessite de considérer différemment le travail de l'acteur.
Commençons par son positionnement dans la salle :
- il ne s'agit plus pour l'acteur d'habiter uniquement le lieu scénique face au lieu public, il s'agit maintenant, même s’il reste cantonné sur scène, “de s’approprier” l'ensemble du lieu théâtral scène et salle comprises.
- L'acteur ne se considère plus comme devant un public mais comme étant UN parmi tous, dans l’ensemble du lieu, à égalité avec chacun des spectateurs et des acteurs présents.
- Il n'est plus l'EMETTEUR qui depuis la scène projette son savoir sur le spectateur en face
- il est aussi désormais, et en priorité, le RECEPTEUR qui reçoit les informations de la salle.
Par tradition, la démarche théâtrale s’appuie sur un concept fondateur appelé « 4ème mur », comme si un mur de verre séparait ceux qui sont sur scène, les acteurs, de ceux qui sont dans la salle, les spectateurs.
Dans cette fiction architecturale d’un 4ème mur virtuel, les acteurs apprennent alors à créer leur monde, leur fiction, créer un personnage et pour cela puisent au fin fond de leur moi intérieur.
La démarche « Chemins d’Acteur » propose à l’acteur une nouvelle pratique dans son travail : Il ne va plus chercher au fond de lui-même mais chercher dans son environnement immédiat, il va devenir avant tout un récepteur, en parfaite conscience de ce qui l’entoure, il va s’éloigner de la fonction ancestrale d’émetteur qui lui a été dévolue jusqu’ici.
Nous allons commencer par pousser mentalement ce 4ème mur virtuel au fond de la salle, derrière les spectateurs, là où l’architecte du bâtiment l’a placé, et ainsi réunir acteurs et spectateurs dans un lieu unique.
L’acteur ne va plus penser en termes d’incarnation ou de personnage, il va penser en termes d’objectif du spectacle. Il va créer le lien avec chaque spectateur et ne plus lâcher ce lien.
Dans la démarche « Chemins d’Acteur » le comédien ne recherche pas la reconstitution, la tranche de vie, la fiction. Il utilise 100% de son énergie à rester dans la même réalité que les autres personnes présentes, à recevoir de ce qui l’entoure, à y réagir.
Cela exige de l’acteur une dépense très importante d’énergie et nécessite une préparation physique et mentale adaptée. Il ne s’agit pas d’un training musculaire dans l’absolu. Il ne s’agit pas de développer un corps d’athlète.
L’acteur s’exerce à reconnaître comment son corps et sa pensée s’inscrivent dans l’ensemble du lieu et il fait le nécessaire physiquement pour faire que son corps «colle» aux murs de la salle, pour devenir partie intégrante du lieu. Il va s’ajuster au lieu, comme deux pièces d’un mécanisme d’horlogerie. Alors, et alors seulement, la pensée pourra englober chaque personne présente dans le lieu, aussi éloignée physiquement soit-elle de l’acteur.
Chemins d’acteur a élaboré des outils adaptés au travail de l’acteur (syntonisation, segmentations du geste, de la parole, du regard, de la pensée, axes de l’espace, enjeux, propos …) pour lui permettre de savoir à chaque seconde où il en est de la réalité, de sa perception, d’utiliser à bon escient les divers langages dont il dispose, de structurer l’espace qui l’entoure…
à suivre …